encore quelques mots sur l’angoisse psychologique

Possiblement lié au traumatisme subi par le nouveau-né expulsé de l’utérus et brusquement soumis – en autre – à l’obligation de respirer, le souvenir de cette blessure reste ordinairement enfoui dans les profondeurs de la mémoire.

Explication possible sinon probable de ce traumatisme initial, la cause définitive de sa survenance ne change rien à ce qu’il est en lui-même, ni aux circonstances qui le font “resurgir”.

Certaines circonstances en effet – elles-mêmes fréquemment liées à un traumatisme important du cours de l’existence – font parfois resurgir le stigmate de cette blessure psychologique initiale. La résurgence de ce stigmate se traduit alors par des crises d’angoisse psychologique plus ou moins profondes.

Selon sa profondeur, la crise d’angoisse se traduit au plan physique par la sueur, les pupilles dilatées, le souffle court, haletant; elle peut même se traduire par des tremblements.

Elle s’accompagne parfois d’une “fuite des idées” : défilement rapide des idées traduisant sur l’instant une forte domination du corps sur l’esprit.

Enfin, lorsque l’angoisse cesse, la crainte de son retour reste souvent présente en arrière-plan, suscitant au quotidien une appréhension pénible. Appréhension qui est le meilleur moyen de provoquer son retour.

Alors, tout d’abord simplifions nous les choses : il n’existe pas plusieurs sortes d’angoisses comme on l’entend dire parfois. Une angoisse est une angoisse, plus ou moins profonde un point c’est tout, et le remède est toujours le même, Henri JOMIN insistait sur ce point.

Ensuite il n’est jamais trop tard pour décider de guérir d’une propension aux crises d’angoisse en prenant le taureau par les cornes. Que mes crises d’angoisse soient anciennes ou récentes, la mise en oeuvre déterminée des principes de l’Horathérapie m’en libérera, faudrait-il au besoin user d’un peu de persévérance.

Henri JOMIN S.J. – à la suite de Roger VITTOZ – en enseigne la méthode. Il en atteste aussi personnellement.

J’atteste avoir moi-même été libéré de l’angoisse par l’Horathérapie.

Avançons donc.

Tout d’abord avec une image très parlante qu’il est bon de garder à l’esprit au moment de la lutte car elle m’aide puissamment à réagir, figurant précisément ce qui est en train de se passer lorsque je me trouve plongé dans une angoisse :

“[La blessure qui cause] l’angoisse est comme le lit de la rivière et les idées comme l’eau qui s’écoule dans le lit de cette rivière. Arrêtez l’eau, il n’y a plus de rivière.”
(Henri JOMIN S.J.)

En effet, que l’origine de mon angoisse se trouve dans une blessure – le lit de la rivière – est une chose.

Mais tout-à-fait autre chose l’idée sur laquelle mon angoisse se focalise et qu’elle génère tout à la fois, car il dépend toujours et entièrement de moi de ne pas m’arrêter à cette idée. Vaincre l’angoisse ne me laisse pas le choix. Répétons le en forme d’insistance : Vaincre l’angoisse ne me laisse pas le choix.

Peu importe donc l’idée sur laquelle mon angoisse se focalise. Qu’il s’agisse d’une peur récurrente sur laquelle l’angoisse est venue comme s’accrocher, d’une appréhension de la solitude ou d’une crainte quant à ma santé psychologique… doublée souvent de considérations réflexes sur l’angoisse elle-même – sa survenance, sa fréquence – au point souvent de ne plus distinguer ce qui me fait le plus souffrir de la crainte sur laquelle l’angoisse se focalise ou des considérations réflexes sur l’angoisse elle-même.

Peu importe l’ancienneté des angoisses et les habitudes prises. Peu importe d’avoir déjà mille fois tenté sans succès de les dépasser. L’important est ce qui suit :

1°) Impliquer ma volonté en prenant la ferme décision de réagir.

2°) Prendre les moyens de le faire en appliquant les principes sans discuter et sans retour sur moi-même dès l’instant où je prends conscience de la survenance d’une angoisse.

Revenons d’un mot sur ces principes :

Mépris radical de mes sentiments, c’est-à-dire de tout “ressenti” de peur, de panique etc.

En vérité ce qui cause mon trouble -quelle que soit son intensité – n’est qu’un ressenti sentimental venant de mon corps.

Et, sincèrement, pourquoi devrais-je accepter de souffrir sous prétexte de conformer mes idées à un brusque ressenti sentimental provenant de mon corps ? Comme si c’était une obligation ! C’est ridicule !

Il dépend de moi de dépasser ce ressenti sentimental en ne lui accordant pas un regard d’attention, sachant qu’en procédant ainsi non seulement je dépasse mon trouble présent, mais je permets à mon organisme de se libérer de lui-même de ma propension à l’angoisse.

Une fois encore si je n’ai pas la maîtrise directe du cours de mes idées, j’en ai la maîtrise politique (selon l’expression de Thomas d’Aquin). C’est-à-dire qu’il dépend de moi – il dépend toujours et entièrement de moi – de passer à autre chose et pour cela de m’en donner les moyens :

En n’essayant pas de refuser ou de discuter le contenu de mon angoisse (quelle que soit la tentation ou même le besoin apparent – aussi fort soit-il – que j’en ai) : le faire est un piège car refuser une idée, ou la discuter dans l’espoir de se raisonner – disons-le une fois de plus – c’est déjà lui donner de l’importance. C’est vrai de l’idée qui cause mon trouble mais vrai aussi de tout ce qui s’y rapporte, c’est-à-dire de tout le cortège de considérations et de retours inquiets sur moi-même qui s’enclenche mécaniquement chaque fois qu’apparaît une angoisse.

En passant vraiment à autre chose, et pas à moitié. C’est-à-dire en passant à autre chose sans chercher à ménager l’espace d’un regard en arrière avec un esprit partagé. Et je le fais jusqu’à l’oubli complet de mon angoisse. Pour cela je plonge dans le réel présent, dans ce que je suis en train de faire si mon esprit est occupé à une activité précise, ou tout simplement dans ce monde bien réel qui est devant moi et dont m’informent mes sens. Je plonge sans me surveiller anxieusement en train de plonger. Je le fais, un point c’est tout. C’est par là que je “replonge” dans la vie.

“FACILITE-TOI LA VIE : FABRIQUE-TOI UNE CAISSE … !!!” (ou ce que tu préféreras qui en tienne lieu).

Partant donc du fait que si je prends les moyens de ne jamais m’arrêter consciemment à l’idée dans laquelle se projette le ressenti psychologique qui se trouve à la source de mon angoisse, il n’y a plus d’angoisse et que les ressentis psychologiques émotionnels qui en sont à la source disparaîtront :

Je jette en imagination dans une caisse ce ressenti lui-même, toute idée dans laquelle il se projette, tout ce qui tourne autour de cette idée, toute considération en rapport avec ce ressenti et l’idée dans laquelle il se projette, tout début de processus mental dont je sais pertinemment qu’il y aboutit. Je jette dans cette caisse toute idée de ce type aussitôt que je prends conscience de sa présence, ou aussitôt que je prends conscience du fait que je suis en train de rêvasser à propos de ce ressenti et des angoisses qui s’ensuivent etc.

Il est souvent plus simple de réagir “par sujet”. Par exemple, je jette en imagination dans cette caisse toute considération sur ma peur de la solitude, ou encore sur ma santé mentale si ce sujet m’inquiète etc. etc.

Craindre que cela m’empêche de me connaître moi-même n’est encore qu’une considération à jeter dans la caisse.

En pratiquant de cette façon je me facilite beaucoup la lutte.

L’image de la caisse n’est bien entendu qu’une proposition que j’adapte à ma personnalité.

Quel que soit ce qui me correspond, l’essentiel est bien évidemment de me créer un “outil-réflexe” dont je dispose une fois pour toute à ma guise et sans limite pour parvenir à dépasser jusqu’à la dernière des dernières toute idée qui s’impose à moi, tout début de processus pouvant déboucher sur une angoisse, ou qui m’entretient dans ce contexte, en sorte d’empêcher l’eau de couler dans le lit de la rivière.

Pratiquer ce moyen d’empêcher l’eau de couler dans le lit de la rivière, cela veut dire être rapidement libéré de mes angoisses pour le reste de ma vie.

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