vérités et principes

Quelques mots d’introduction. J’ai eu le privilège de rencontrer le Père Henri JOMIN à de nombreuses reprises, un privilège qui me fait aujourd’hui un devoir : celui de ne pas taire la manière dont l’Horathérapie m’a permis de surmonter radicalement la dépression et l’angoisse.

J’ai connu en effet la dépression et les angoisses à répétition pendant de longues années – angoisses qui laissent haletant et couvert de sueur, si cela évoque quelque chose à certains – jusqu’à ce l’Horathérapie me libère et me permette de renouer avec la paix et la joie.

Je précise à nouveau que je ne suis ni médecin, ni psychologue, pas plus que je ne me prétend exégète des immenses connaissances du Père JOMIN en ces domaine et les lignes qui suivent reflètent bien imparfaitement la science originale.

Le contenu de ce témoignage reste lié à ma personnalité autant qu’à la façon dont il m’a été donné de surmonter les obstacles. Des caractéristiques qui ne l’empêchent pas de rester fidèle au message principal sous un aspect qui lui est propre.

L’Horathérapie du Père Henri JOMIN, inspirée des principes du Dc. Roger VITTOZ, n’est pas un message à l’eau de rose en forme d’aimables conseils à l’usage des personnes en dépression, mais constitue indubitablement un apport majeur, à la portée de chacun, pour retrouver la paix et la joie.

Elle n’a pourtant rien d’une méthode artificielle, ésotérique ou difficilement accessible.

Il s’agit au contraire de la mise en œuvre d’une discipline de pensée qui m’est « inhérente », la plus naturelle qui soit et pour laquelle je suis fait. L’acquisition de cette discipline de pensée est donc à ma portée sous réserve d’une décision de ma part et d’une implication de ma volonté.

Les éléments qui suivent – condensés à la manière d’un Précis – n’ont pas d’autre but que de baliser l’entrée du chemin…

(Ils sont suivis de quelques mots plus spécifiques sur la dépression nerveuse puis sur l’angoisse psychologique).

NB : Les citations du Père Henri JOMIN (reproduites en caractères gras et en Italique) qui jalonnent ce condensé proviennent soit des notes que le Père laissait à l’ensemble de ses visiteurs (cf. « les notes du visiteur »), soit des notes prises à l’occasion des entrevues qu’il m’accordait.

Entrons dans le vif du sujet :

Le Père JOMIN soulignait que le bébé ne se regarde pas lui-même mais que son psychisme se construit et s’affermit à partir des informations qu’il reçoit du monde extérieur. De façon similaire l’Horathérapie permet de renouer avec l’ordre “original” de notre psychisme humain, ordre fondé sur les seuls critères de jugement véritables que sont les sens, la raison et la foi. Contrairement aux sentiments qui ne constituent pas un critère de jugement.

Que mon trouble ou ma tristesse ne proviennent pas du cours naturel de mes idées mais soient amenés par mes sentiments, pourquoi est-ce une donnée fondamentale ? Parce que ce ressenti psychologique de trouble ou de tristesse provient de mon corps, alors que mes idées proviennent de mon esprit.

Il existe bien entendu une relation profonde entre mes idées et mes sentiments humains – ce que je ressens – car mes idées s’incarnent dans des images et des sentiments.

A ceci près cependant que la distraction tend à inverser le cours naturel des choses. Lorsque je cesse de réfléchir et que je laisse aller ma pensée, c’est en effet ma sensibilité – donc mon corps – qui prend le pas sur mon esprit, celui-ci tendant alors à devenir le miroir de mes sentiments au lieu d’en être à la source.

Henri JOMIN exprimait cette relation entre mes sentiments et mes idées en une loi fondamentale qu’il me faut intégrer :

“C’est le corps ou l’esprit qui domine. Quand ce n’est pas l’un c’est l’autre. (Si ce n’est pas l’un, c’est forcément l’autre).”
(Henri JOMIN S.J.)

Comprenons bien ceci : lorsque tout va bien et qu’il m’arrive de laisser ma sensibilité (mes sentiments) dominer, en général cela ne pose pas de difficulté. Il peut même arriver que ma distraction soit positive et stimulante.

La distraction est d’ailleurs inévitable et même s’il ne s’agit pas de la désirer et de la rechercher pour elle-même, je n’ai pas à me formaliser d’être sujet à des distractions. L’important est de replonger dans le réel présent lorsque j’en prends conscience, et de toute façon dès que cela s’avère bon ou nécessaire.

Mais il n’en va évidemment plus de même si je laisse mes idées s’enchaîner au moment où je prends conscience de ma tristesse ou de ma crainte et m’y arrête car, à ce moment précis, je laisse délibérément mon corps prendre le pas sur mon esprit.

Et plus je laisserai « courir » les idées noires, plus elles s’enracineront, et plus il deviendra difficile de réagir et d’en arrêter le flot.

Il s’agit d’un donné de fait, immédiatement perceptible à chacun, et incontournable de l’existence humaine que mon trouble ou ma crainte, mon absence de goût ou mon indifférence aux choses, tout ce qui compose mon ressenti de souffrance psychologique, ne peut trouver d’écho qu’à travers la prise de conscience que j’en ai – c’est-à-dire pour parler de façon précise qu’à travers mon intelligence, donc mes idées.

Or, je suis tributaire de sentiments dont je n’ai pas la maîtrise directe et, redisons-le, si je laisse mon corps dominer, mes idées tendront à devenir le miroir de mes sentiments.

Toutes les considérations du monde, aussi pertinentes soient-elles, ne changeront rien à cette vérité toute simple : si quelque chose ne va pas (si je me sens troublé) en ce moment même, c’est parce qu’il existe une idée négative “que je ne traite pas comme une idée négative”, ou un groupe d’idées négatives (quelques idées négatives liées entre elles qui se donnent mutuellement de l’importance) “que je ne traite pas comme un groupe d’idées négatives”.

“Je vois des gens qui sont malheureux à cause de sentiments qui amènent des idées qui sont diaboliques. Ils pourraient être heureux tout de suite.” 
(Henri JOMIN S.J.)

La Parole du Livre de l’Ecclesiastique, ci-dessous, ne dit pas autre chose et contient tout à la fois le diagnostic et le remède.

[“Ne te laisse pas aller à la tristesse et ne t’abandonne pas aux idées noires. La joie du coeur, voilà la vie de l’homme, la gaîté, voilà qui prolonge ses jours. Trompe tes soucis, console ton coeur, chasse la tristesse : car la tristesse en a perdu beaucoup, elle ne saurait apporter de profit”.   Ecclésiastique chap. 30, v.21-23]

Cette Parole de l’Ecriture offre une image fidèle de la réalité puisqu’en l’absence de réaction adéquate le laisser aller à la tristesse dans l’ordre sentimental entraîne presque inévitablement, nous l’avons vu, l’abandon aux idées noires, c’est-à-dire concrètement une capitulation dans l’ordre de la volonté (cf. Vérités premières 1 & 2).

Elle indique aussi le remède sans se tromper de combat – mais faut-il s’en étonner ?  -« Trompe tes soucis, console ton coeur, chasse la tristesse » : Paroles dont la mise en œuvre nécessite tout à la fois l’intervention de la volonté et le recours à la maîtrise politique des idées. (cf. Principe n° 2).

Lorsque je m’arrête à une idée qui me trouble et me rend malheureux dans l’intention de m’en débarrasser en la refusant ou en la discutant, je ne me rends pas compte de ce que cette façon de procéder est presque toujours l’exact opposé de ce qu’il faudrait, et constitue une erreur aussi commune que rédhibitoire.

Le scénario est toujours le même. Dans l’impossibilité d’y parvenir, ma volonté tend insensiblement à capituler, laissant mon intelligence déserter progressivement le domaine de la réflexion proprement dite pour tomber ou retomber sous la domination des sentiments, libérant en retour le flot incontrôlé des idées noires. Qui me rendent alors d’autant plus malheureux que je ne vois pas comment parvenir à m’en débarrasser.

Or, le Père JOMIN insistait sur ce point : chaque fois que je m’arrête consciemment à une idée troublante, celle-ci s’enracine davantage, car les idées sont comme les plantes : plus je les arrose, plus elles grandissent et prennent de l’importance. Jusqu’à devenir un arbre, qu’il faudra un vrai combat pour déraciner. Elles deviennent progressivement ce qu’il nommait des « idées-force ».

Mais quelle qu’en soit l’origine, les idées troublantes qui me rendent malheureux se consolident bien souvent à l’aune d’opinions anxiogènes saisies au vol, opinions lues ou entendues… car fréquemment nous sommes troublés par l’opinion des autres.

C’est spécialement vrai pour certaines lectures relatives à la santé auxquelles j’en viens parfois à renoncer par crainte de tomber sur un passage qui ajoute à mon trouble.

Et plus vrai encore des paroles anxiogènes prononcées par des personnes auxquelles j’accorde du crédit. A fortiori si cette opinion me concerne directement.

Pour peu qu’il s’agisse d’une personne dont la parole fait autorité dans son domaine, son opinion peut avoir sur moi un effet délétère, même si je suis conscient de ce que les opinions humaines sont d’autant plus sujettes à caution qu’elles touchent au domaine psychologique.

Ainsi de l’opinion répandue selon laquelle il faut du temps pour guérir d’une dépression. Répercutée par une personne à qui j’accorde du crédit, cette opinion – surtout si elle me concerne directement – aura tendance à se muer pour moi en une sorte de loi psychologique, contrariant la prise des bonnes décisions.

Ainsi encore de l’opinion selon laquelle l’être humain ne dispose pas d’une volonté propre et libre. Opinion aussi répandue qu’inexacte, fruit de l’athéisme ambiant.

En réalité l’opinion qui me trouble est celle d’un homme. Ni plus, ni moins. Et seule la Parole de Dieu est une lumière sans erreur.

“Comment une opinion humaine lue ou entendue peut-elle devenir pour moi sujet de trouble alors qu’à l’instant précédent tout allait bien ?” 
(Henri JOMIN S.J.)

Une parole humaine ne doit jamais me troubler.

Ainsi, toute limite arbitraire que je me suis implicitement fixée du fait de jugements lus ou entendus – et la plupart du temps d’ailleurs mal interprétés – n’est elle-même qu’une idée qui s’impose et dont je décide maintenant de me libérer en me pénétrant de principes qui me permettront de le faire de façon efficace, habituelle et simple.

Dernière vérité avant d’aborder les principes d’action : le regard réflexe. Si cela ne me concerne pas, je peux passer directement aux principes d’action.

Je suis doué d’une conscience objective et d’une conscience réflexe.

Par la conscience objective je me connais moi-même, directement, dans le regard extérieur.

Par la conscience réflexe je me perçois – dans un regard intérieur, comme à un second niveau de connaissance – en train de regarder, d’écouter, de sentir, de toucher, … Perception réflexe qui n’ajoute rien à la connaissance que j’ai de moi-même et ne fait que me rendre malheureux dès lors que je m’y arrête.

Le Père JOMIN rappelait que cette perception réflexe n’ajoute rien à la connaissance que j’ai de moi-même car je ne suis pas en mesure, dans les conditions de ma vie humaine présente, de percevoir de l’intérieur l’articulation mutuelle de mon corps et de mon esprit.

Il rappelait aussi que même Jésus – en tant qu’homme – a accepté de ne pas se connaître par le biais d’un regard réflexe.

Elle me rend malheureux dès lors que je m’y arrête, car étant impuissant à me connaître par le regard intérieur, je ne serai jamais en mesure de répondre aux interrogations que ce regard suscite, alors même que ces interrogations se font d’autant plus persistantes et pressantes qu’elles demeurent sans réponse.

Sans réaction adéquate de ma part, un laisser aller habituel à satisfaire la “tentation” du regard intérieur aboutit progressivement à créer une sorte de “processus” mental qui s’enclenche de façon quasi automatique et s’auto alimente indéfiniment, au point de me tenailler, chaque fois que se présentent à mon esprit les interrogations réflexes qui me troublent. Au point parfois de n’être jamais en paix.

Je me retrouve progressivement poussé à ne plus vivre le réel présent qu’à travers un « filtre » où je me regarde vivre ce présent autant que je n’y plonge.

Alors, immanquablement je me rends malheureux.

“C’est si simple la vie. Quand on veut la comprendre, on se rend malheureux.” 
(Henri JOMIN S.J.) 

Citons l’exemple réel d’un jeune musicien qui s’arrête un jour avec anxiété sur le fait qu’en sortant de répétition ou de concert il se rejoue intérieurement et machinalement en boucle des passages musicaux qu’il vient de répéter ou d’exécuter en public. Phénomène de mémoire parfaitement normal et banal en lui-même – mais dont notre musicien s’inquiète un jour au point de s’en rendre malheureux.

Illustration typique d’un processus qui s’auto alimente et s’amplifie indéfiniment, chaque sortie de répétition ou de concert étant l’occasion des mêmes regards réflexes chargés d’anxiété, et chaque moment d’attention accordé à ces regards contribuant à les rendre plus prégnants dans la mémoire.

Tout ceci, répétons-le, à propos de la prise de conscience inopinée d’un fonctionnement intérieur tout-à-fait normal et ordinaire, sur lequel notre musicien s’arrête et dont il s’inquiète sans raison – parfait exemple de prise en considération « d’une idée qui s’impose à lui » – et qui débouche sur une question à laquelle, redisons-le aussi, notre musicien ne pourra jamais répondre, dans l’impossibilité où il se trouve – par définition – de se comprendre par le biais d’un regard intérieur.

Mais aussi cause de souffrance grandissante car, plus il se focalise sur la question qui génère son anxiété plus il lui semble indispensable de parvenir à y répondre.

Nous l’avons dit, sortir de ce processus négatif n’implique pas pour lui de renoncer à se connaître. Mais encore une fois, on ne se connaît vraiment que directement, dans le regard extérieur.

Pour retrouver la paix et la joie, notre musicien n’a d’autre choix que de replonger dans le regard extérieur chaque fois qu’il aperçoit consciemment la présence de la question qui l’inquiète. En se donnant les moyens d’y parvenir de façon immédiate, habituelle et simple grâce aux principes exposés ci-après.

Nous l’avons vu, toute souffrance psychologique – quelle qu’en soit la cause – se manifeste dans une idée troublante que je ne traite pas comme telle (ou quelques idées troublantes qui se donnent mutuellement de l’importance et que je ne traite pas comme telles) et retrouver la paix et la joie nécessite de s’en libérer.

Bien entendu, selon le degré d’ancrage de l’habitude inverse, la restauration d’une domination suffisante de l’esprit peut demander un rude combat, mais je dispose en moi-même de toutes les ressources nécessaires pour remporter ce combat.

Non seulement je dispose de toutes les ressources nécessaires pour remporter ce combat mais je peux décider maintenant de vivre plus de paix et de joie que je n’en ai jamais connues. Pas seulement en passant, mais de façon constante et définitive grâce aux principes qui suivent :

  • Non seulement je peux sans inconvénient ignorer radicalement mes sentiments lorsqu’ils sont négatifs car les sentiments sont changeants et ne constituent pas un critère de jugement,
  • Mais je dois le faire parce que c’est l’unique moyen de parvenir à ce qu’ils se « réparent » d’eux-mêmes.

“Nous avons tout en nous pour que les sentiments se réparent.” 
(Henri JOMIN S.J.) 

Je peux en effet sans inconvénient ignorer mes sentiments négatifs dès que (et autant que) cela s’avère nécessaire, dès que je prends conscience de ce qu’ils sont négatifs, jusqu’à ce qu’ils se réparent, à condition bien entendu de laisser faire la nature et de ne pas laisser se développer les idées autour desquelles ils prennent corps (Vérité n° 2 et Principe n° 2).

Par analogie, on pourrait évoquer l’image d’une plaie que l’on empêche de cicatriser en la grattant sans cesse, et qui finit par s’infecter sérieusement. Simple analogie sans doute, mais qui aide à comprendre ce qui est en cause au niveau de mes sentiments humains, lorsqu’ils sont négatifs et que je laisse mon corps dominer.

Mépriser radicalement mes sentiments lorsque c’est nécessaire permet à la nature de se réparer.

Et d’éviter en même temps la création d’une habitude. Car si la nature est capable de se réparer, elle tend aussi à se répéter (ce qui est vrai en bien comme en mal). Et bien évidemment en mal si je laisse consciemment des idées troublantes se développer en écho à des sentiments négatifs.

Henri JOMIN insistait sur ce point : la nature se répète : le jour, la nuit, le rythme des saisons…mon corps aussi se répète.

S’il m’est ainsi arrivé d’éprouver lassitude ou tristesse, sans raison apparente, à l’occasion d’une activité habituelle et machinale – et sauf réaction adéquate de ma part – il n’est pas rare que chaque nouvelle occasion de pratiquer cette activité fasse revenir les mêmes sentiments qui amènent les mêmes idées noires, au point parfois de devenir des « idées-force » et de créer un automatisme négatif et anxiogène.

Mépriser radicalement mes sentiments aussi longtemps que nécessaire lorsqu’ils sont négatifs et me rendent malheureux n’est donc pas un choix. Et cela veut dire passer radicalement à autre chose sitôt que je prends conscience de la présence de ces sentiments négatifs : cf principe n°2

Or, lorsqu’elle se présente à mon esprit, l’idée troublante tend à s’imposer du fait de la crainte qu’elle m’inspire. C’est même ce qui la caractérise.

D’où une règle aussi simple qu’essentielle :

“Je n’admets jamais consciemment une idée qui s’impose à moi.” 
(Henri JOMIN S.J.) 

Il n’est jamais nécessaire de m’arrêter à une idée qui s’impose à moi et me convaincre du contraire, c’est encore m’arrêter à une idée qui s’impose.

Encore faut-il ne pas me tromper de combat, car le seul moyen d’y parvenir n’est pas de refuser l’idée qui s’impose à moi, mais de pratiquer ce que Thomas d’Aquin nomme “la maîtrise politique” des idées, c’est-à-dire de passer volontairement à autre chose.

Je possède la maîtrise politique de mes idées car il dépend toujours et entièrement de moi de passer à autre chose

Concrètement, dès que je prends conscience de la présence d’une idée troublante qui s’impose (cela se fera de plus en plus à la pointe de l’oeil), je passe à autre chose soit en plongeant dans ce que je suis en train de faire, soit en plongeant dans le réel présent jusqu’à l’oubli de l’idée ou des idées qui me troublent, tout en méprisant temporairement mais radicalement mes sentiments.

Je décide donc maintenant de me donner les moyens de passer à autre chose, de façon spontanée, immédiate et habituelle même s’il me faut au début mener un combat résolu et obstiné pour y parvenir.

Les grandes considérations psychologiques nous empêchent souvent de percevoir et d’intégrer intérieurement que tout revient presque toujours à cela : ce qui permet à la tristesse, à la dépression ou à l’angoisse de perdurer, c’est que je n’utilise pas l’aptitude de ma volonté à exercer un contrôle politique adéquat des idées qui se présentent.

Briser le cercle vicieux des idées qui me troublent est à ma portée et n’est donc qu’une question de méthode. Et si le contrôle politique des idées qui me troublent constitue un passage obligé, je n’ai d’autre choix que de m’y exercer et de m’y accoutumer au point d’en faire un automatisme chaque fois que je prends conscience qu’une telle idée est en train de se présenter à mon esprit.

Une bonne façon de pratiquer est de traiter les choses en bloc. Par exemple – si cela me trouble – je renonce à toute considération qui de près ou de loin “me concerne psychologiquement” et à l’instant même où je prends conscience de ce que je suis en train de penser à une idée en rapport avec ce sujet, je replonge aussitôt dans ce que je faisais, ou si mon esprit n’est pas occupé à une action particulière, dans le réel présent.

Ne faisons pas de confusion : il ne s’agit ni de renoncer à me connaître, ni de renoncer à toute distraction. Mais simplement d’utiliser le plongeon dans l’instant et le réel présent au moment où je prends conscience de la distraction qui me trouble, jusqu’à ce que j’en sois «débarrassé».

Je peux certes m’exercer à être moins distrait, j’y gagnerai beaucoup. A ce propos, le Père écrit d’ailleurs « Bien vivre c’est vivre toujours dans le présent » (cf notes du visiteur). Tout en étant bien conscient – le Père le disait également – que la distraction constitue une loi psychologique. « Bien vivre c’est vivre toujours dans le présent » est donc à recevoir comme une invitation puissante à progresser en ce sens grâce aux sensations pures. Mais encore une fois ce dont il est question ici n’est pas d’apprendre à me libérer de toute distraction, mais d’apprendre à me libérer des idées qui sont à l’origine de mon trouble et me font souffrir.

Plus concrètement encore, en m’appuyant sur les informations fournies par mes sens, je me rends attentif à ce qui est, au monde réel qui m’entoure maintenant – en ce moment même – et dans lequel je vis. Constatation par mes sens de la réalité purement factuelle où je me trouve plongé et « sur » fond de laquelle je perçois les idées qui me troublent pour ce qu’elles sont – des idées qui s’imposent à moi – et décide de passer à autre chose

Principe 3 évidemment indissociable du Principe 2, qu’il éclaire et prolonge tout à la fois. Car m’exercer au contrôle politique des idées ne saurait se satisfaire ni d’une demi-mesure, ni d’aucun regard réflexe.

Il n’existe pas d’autre moyen de connaître la paix et la joie que de vivre dans le regard extérieur.

“La destinée de l’homme, c’est le regard extérieur.” 
(Henri JOMIN S.J.) 

Citation évidemment centrale car non seulement au plan psychologique mon bonheur ne se trouve nulle part ailleurs que dans le regard extérieur, mais seul le regard extérieur me donne une vraie connaissance de moi-même.

Lorsque je suis troublé par une crainte liée à une considération réflexe, un coup d’oeil au rétroviseur suffit, sans m’appesantir : mes idées présentes concernent-elles directement ce que je vis, ou me concernent-elles en train de me regarder vivre ce que je vis ?

Ce « check-up » instantané et sans appesantissement me permet de replonger, maintenant, pour un instant, dans le regard extérieur, dans le monde bien réel qui est devant moi et dont m’informent mes sens (au besoin cf. Principe n° 4 « Les armes de la crise »).

Plonger dans le réel présent, ce n’est pas me regarder y plonger mais le faire jusqu’à ce que je sois complètement « absorbé » dans ce réel présent, sans que ne se pose plus la question du plongeon proprement dit. Même si cet « oubli » reste bref au début.

Ce qui importe n’est pas le plongeon, mais la vie.

Mes idées rendent compte d’une parcelle de la réalité, et aucune pensée n’en fait le tour. La réalité sera toujours infiniment plus riche et complexe que toute la perception et la compréhension que j’en aurai jamais. Ainsi, je n’ai pas à m’interroger sur le contenu du réel présent dans lequel je plonge (cette interrogation n’est elle-même qu’une idée qui me trouble). Le « contenu » du réel présent s’imposera de lui-même, au regard de ce que j’étais en train de faire, ou tout simplement de mes obligations, désirs ou besoins etc. et en même temps de ma personnalité, de mon éducation, de mes relations etc. etc.

Il s’agit réellement d’une forme d’abandon à la Providence, car le plongeon dans le réel présent se fait « sans filet », oublieux qu’il est de lui-même.

« L’arme de la crise » me permet de reprendre le dessus en toutes circonstances et imprime en moi, de façon indélébile, la conduite à suivre :

“Quand ça ne va pas, l’instant présent et une seule idée : Dieu m’aime.” (Henri JOMIN S.J.) 

Lorsque je me trouve assailli par une succession d’impressions, de regrets, de questions, d’idées… je décide de réagir et, quelques instants plus tard, je m’arrête à des considérations troublantes dont je cherche l’issue en les discutant sans fin, avant de revenir à ma décision première et de l’abandonner à nouveau peu après, comme indéfiniment.

Il peut même arriver que tout ce qui tournoie dans mon esprit au moment où je plonge me fasse sérieusement douter de la possibilité de vivre le regard extérieur. Mais ce doute lui-même n’est qu’une idée de plus qui s’impose à moi.

Ainsi donc, lorsque je prends conscience de m’être laissé aller à la tristesse, au découragement, et de m’être abandonné aux idées noires, laissant mon corps dominer, il n’est pas toujours simple de reprendre le dessus, quel que soit par ailleurs mon désir de réagir.

Sortir de cette situation passe nécessairement par une intervention de la volonté et nécessite une décision, et tout commencement de réaction va dans le bon sens. Mais j’ai maintenant bien compris que retrouver la paix et la joie exige de mettre fin à la domination du corps à laquelle j’ai laissé libre cours et que dans les circonstances de la crise un désir ou un commencement de réaction ne suffit pas.

D’où l’importance de fixer à l’intervention de ma volonté 1°) un cadre simple 2°) une perspective accessible :

1°) un cadre simple : L’instant présent et une seule idée “Dieu m’aime”. En partant de ce qui est devant moi, de l’information procurée par mes sens et non de mes idées. Je pars de ce qui est devant moi, maintenant, à l’instant, non pas pour dix minutes, mais à l’instant pour un instant. Et une seule idée parce que le fait de plonger n’empêche évidemment pas les idées de se présenter en arrière-plan.

Je plonge donc dans le réel présent sans me demander à quoi je vais penser ni comment je vais le faire, mais je plonge. Directement !

Donc, ce qui importe est que l’idée qui accompagne mon plongeon n’y fasse pas obstacle, au contraire. Ainsi, je peux soit « accompagner » mon plongeon au moyen d’une attitude spirituelle réaliste, soit encore me redire intérieurement que « l’attention à quelque chose n’est pas réflexive d’elle-même » pour achever de me convaincre de ce que rien ne peut y faire obstacle dès lors que j’en prends les moyens.

Certain désormais que je peux toujours renoncer aux doutes et à tout ce qui ne manque pas de m’assaillir au moment où je plonge, je laisse maintenant, à l’instant, toutes mes interrogations, mes craintes, mes tristesses, pour plonger. Y compris la crainte d’oublier la méthode de ce plongeon. Devant moi et extérieur à moi se trouve le monde réel dans lequel je veux vivre, parce que je suis «conformé» pour cela, et que c’est la clef de la paix et de la joie.

Avec cette arme de combat, (et en me fixant aussi une perspective accessible cf 2°), je dispose de la solution nécessaire à la reprise du contrôle, solution dont la mise en oeuvre dépend entièrement de moi, et que personne ne peut m’enlever.

2°) une perspective accessible : la définition d’une perspective accessible constitue un point d’appui efficace pour avancer vers la victoire. Il est en effet difficile (car peu crédible pour moi-même) de prendre une décision « définitive », mais il m’apparaît en revanche tout à fait concevable de décider d’appliquer les principes, sans un regard en arrière, jusqu’à une date que je choisis, si possible pas trop éloignée.

Cela peut être, par exemple, la prochaine fête mariale – il y en a une par mois, c’est très pratique – jusqu’à laquelle je décide d’appliquer les principes sans discussion ni retour. Je renvoie ainsi à cette date toute question qui se pose, toute idée-force qui se présente à mon esprit, toute impression de tristesse ou de crainte. On verra bien le jour venu ! Et d’ici là j’applique le principe de crise à l’instant même où je prends conscience de la « présence » d’une idée, voir d’un sujet, qui me trouble !

Au besoin, en arrière plan de mon plongeon dans le réel, je me conforte dans ma décision et ma démarche en me rappelant le « programme du bonheur » (qui s’adaptera à ma personnalité et à mon rythme dès lors que je plongerai en renvoyant toute discussion à plus tard) :

Dans deux heures l’oubli. (En fait des « plages » d’oubli qui constituent en elles-mêmes une vraie joie lorsque je prends conscience de leur existence, même si elles restent brèves au début.)

Dans deux jours, la paix ! (En constatant qu’il m’est possible « d’oublier » de plus en plus souvent ce qui me trouble).

Dans deux semaines la joie, fruit de la paix que je sens s’établir en moi.

Dans deux mois le bonheur (ou après quelques semaines) – un bonheur inaltérable que personne ne pourra m’enlever, né de l’habitude de la joie et de la paix.

Grâce à l’assurance procurée par les victoires remportées dans les circonstances de la crise, celles-ci dépassent l’objectif d’une simple restauration passagère de la domination de l’esprit sur les sentiments, mais impriment en moi, de façon indélébile, la conduite à suivre.

J’atteste par expérience que cela permet de s’enfoncer, de façon « éprouvée » et indiscutable dans le bonheur par ce plongeon spontané dans le regard extérieur.

Henri JOMIN avait à propos de la dépression nerveuse des paroles très fortes, allant bien au-delà de la plupart des idées reçues et professées.

Mais – outre ses compétences véritablement hors du commun dans ce domaine – la seule école qui vaille ici est celle du réel vécu et des faits avérés.

Deux citations centrales :

“Nous avons tout en nous pour guérir de la dépression.” 
(Henri JOMIN S.J.) 

“Une dépression dure dix minutes, deux heures, deux jours, deux semaines, deux mois, six mois, … ou toute la vie, cela dépend entièrement de moi.
(Henri JOMIN S.J.) 

Oui, je peux guérir d’une dépression nerveuse en dix minutes dès lors que j’adopte la bonne attitude dès que la dépression se profile. Cela dépend de moi et ne dépend que de moi.

Mais je me laisse bien souvent tromper par la souffrance que la dépression occasionne et ceux qui l’ont connue ou la connaissent savent que mon psychisme peut me faire souffrir plus encore que mon corps. C’est le doute et le découragement provoqués par la souffrance endurée qui me poussent bien souvent à prendre les mauvaises décisions.

Pourquoi ? Parce que l’impression d’abattement sentimental, de lassitude, d’indifférence aux choses et aux évènements qui caractérise la dépression, débouche fréquemment sur une démission plus ou moins marquée de la volonté (cf Vérité n°3).

Le but de ces quelques lignes à propos de la dépression n’est pas d’ajouter aux Principes exposés ci-dessus, mais plutôt de rassurer et d’encourager ceux qui redouteraient d’avoir laissé se développer depuis longtemps trop d’idées négatives pour remonter la pente et d’être à jamais captifs de leur dépression du fait de son ancienneté ou de sa profondeur.

Il est toujours possible de briser le cercle vicieux qui me maintient en état de dépression et de retrouver la paix et la joie.

Que ma dépression soit récente ou ancienne, qu’elle soit légère ou profonde, la manière de faire ne varie pas et la mise en oeuvre déterminée des principes de l’Horathérapie conduira au même succès, faudrait-il au besoin user d’un peu de persévérance.

Et tout d’abord je n’oublie jamais que si quelque chose ne va pas au moment même où je lis cette ligne, c’est parce qu’il existe une idée négative que je ne traite pas comme une idée négative, ou quelques idées négatives liées entre elles qui se donnent mutuellement de l’importance, et que je ne traite pas comme un groupe d’idée négatives.

Car enfin soyons clairs : dès lors que je décide d’ignorer radicalement mes sentiments négatifs – ressenti d’abattement ou d’indifférence aux choses ou les deux à la fois – que reste-il de ma dépression sinon en effet quelques idées négatives qui se donnent mutuellement de l’importance et s’incrustent d’autant plus que je les admets comme des évidences et ne cesse de les ressasser ? (le plus souvent à propos de ma dépression elle-même et de la difficulté à en sortir).

En fait, il dépend de moi et il ne dépend que de moi de passer à autre chose maintenant, à l’instant, pour un instant. Si je le décide, rien ne peut m’empêcher de le faire. Donc, je décide maintenant de cesser de discuter et de passer à autre chose ! Maintenant, calmement, résolument et autant qu’il faudra.

En pratiquant ainsi fermement (et s’il le faut avec un peu de persévérance) jusqu’à l’acquisition d’une sorte de réflexe – j’utilise avec bonheur le seul moyen dont je dispose à ma guise et sans limite pour parvenir à dépasser, jusqu’à la dernière des dernières, toute idée qui s’impose à moi à propos de ma tristesse, de mon indifférence à tout, de ma dépression, de sa cause, de ce que j’en ai lu ou entendu etc. etc. etc.

De plus, en pratiquant ainsi jusqu’à l’oubli complet de tout ce qui tourne autour de ma dépression, je peux aussi être assuré que mes sentiments se guériront seuls – car je suis conformé pour cela – et qu’ils redeviendront bientôt positifs !!!

Possiblement lié au traumatisme subi par le nouveau-né expulsé de l’utérus et brusquement soumis – en autre – à l’obligation de respirer, le souvenir de cette blessure reste ordinairement enfoui dans les profondeurs de la mémoire. Cependant certaines circonstances – elles-mêmes fréquemment liées à un traumatisme psychologique ou physique important – font parfois « rejaillir » le souvenir de cette blessure psychologique, qui se traduit alors par des crises « d’angoisse psychologique » plus ou moins marquées.

Peu importe d’ailleurs l’origine de ce traumatisme initial, car cela ne change rien à ce qu’il est en lui-même ni aux circonstances qui le font “rejaillir”.

Selon sa profondeur, la crise d’angoisse psychologique peut se traduire au plan physique de différentes façons, mains moites, sueur, pupilles dilatées, souffle court, haletant, parfois même tremblements.

Dans certains cas, la crise d’angoisse s’accompagne d’une “fuite des idées” : défilement rapide des idées traduisant sur le moment une forte domination du corps sur l’esprit.

Enfin, lorsque l’angoisse cesse, la crainte de son retour reste souvent présente en arrière-plan, suscitant au quotidien une appréhension pénible. Or, cette appréhension du retour de l’angoisse est le meilleur moyen de le provoquer.

Alors, tout d’abord simplifions nous les choses : il n’existe pas plusieurs sortes d’angoisses comme on l’entend dire parfois. Une angoisse est une angoisse, plus ou moins profonde, un point c’est tout.

Et grâce à l’Horathérapie, il est possible à ceux qui en souffrent de vaincre l’angoisse une fois pour toutes en prenant le taureau par les cornes. Henri JOMIN S.J. – à la suite de Roger VITTOZ – en enseigne la méthode et en atteste personnellement.

J’atteste avoir moi-même été libéré de l’angoisse par l’Horathérapie.

“[L’angoisse] est comme le lit de la rivière et les idées comme l’eau qui s’écoule dans le lit de cette rivière. Arrêtez l’eau, il n’y a plus de rivière.”
(Henri JOMIN S.J.)

Cette citation capitale du Père Henri JOMIN illustre lumineusement la cause et le remède.

Il est en effet capital d’intégrer l’image de l’eau qui s’écoule dans le lit de la rivière et de la garder à l’esprit au moment de la lutte, car elle illustre exactement ce qui se passe (ce qui en train de se passer lorsque je suis plongé dans une angoisse) et m’aide puissamment à réagir.

Que l’origine de mon angoisse se trouve dans une blessure ancienne – le lit de la rivière –[blessure ancienne sur laquelle je n’ai nullement à m’appesantir (3)] est une chose.

Mais tout-à-fait autre chose l’idée sur laquelle mon angoisse se focalise et prend corps, car il dépend toujours et entièrement de moi de ne pas m’arrêter à cette idée (ou à quelques idées qui se donnent mutuellement de l’importance). Et vaincre l’angoisse ne me laisse pas le choix.

Peu importe donc l’idée sur laquelle mon angoisse se focalise. Qu’il s’agisse d’une peur récurrente sur laquelle l’angoisse est venue comme s’accrocher, d’une appréhension de la solitude ou d’une crainte quant à ma santé psychologique… doublée souvent de considérations réflexes sur l’angoisse elle-même – sa survenance, sa fréquence – au point souvent de ne plus distinguer ce qui me fait le plus souffrir de la crainte sur laquelle l’angoisse se focalise ou des considérations réflexes sur l’angoisse elle-même.

Peu importe l’ancienneté des angoisses et les habitudes prises. Peu importe d’avoir déjà mille fois tenté sans succès de les dépasser. L’important est ce qui suit :

1°) Impliquer ma volonté en prenant la ferme décision de réagir.

2°) Prendre les moyens de le faire en appliquant les principes sans discuter et sans retour sur moi-même dès l’instant où je prends conscience de la survenance d’une angoisse.

Revenons d’un mot sur ces principes :

Mépris radical de mes sentiments, c’est-à-dire de tout “ressenti” de peur, de panique etc. En vérité ce qui cause mon trouble -quelle que soit son intensité – n’est qu’un ressenti sentimental venant de mon corps, que je dépasse en ne lui accordant pas un regard d’attention sachant qu’en procédant ainsi non seulement je dépasse mon trouble présent, mais que je permets à mon organisme de se libérer de lui-même de la sujétion à l’angoisse. Et sincèrement, pourquoi devrais-je accepter de souffrir sous prétexte de conformer mes idées à un brusque ressenti sentimental provenant de mon corps ? Comme si c’était une obligation ! C’est ridicule ! Une fois encore si je n’ai pas la maîtrise directe du cours de mes idées, j’en ai la maîtrise politique (selon l’expression de Thomas d’Aquin). C’est-à-dire qu’il dépend de moi – il dépend toujours et entièrement de moi – de passer à autre chose et pour cela de m’en donner les moyens :

En n’essayant pas de refuser ou de discuter le contenu de mon angoisse (quelle que soit la tentation ou même le besoin apparent – aussi fort soit-il – que j’en ai) : le faire est un piège car refuser une idée, ou la discuter dans l’espoir de se raisonner – disons-le une fois de plus – c’est déjà lui donner de l’importance. C’est vrai de l’idée qui cause mon trouble mais vrai aussi de tout ce qui s’y rapporte, c’est-à-dire de tout le cortège de considérations et de retours inquiets sur moi-même qui s’enclenche mécaniquement chaque fois qu’apparaît une angoisse.

En passant vraiment à autre chose, et pas à moitié. Autrement dit encore, en passant à autre chose sans chercher à ménager l’espace d’un regard en arrière avec un esprit partagé. Et je le fais jusqu’à l’oubli complet de mon angoisse. Pour cela je plonge dans le réel présent, dans ce que je suis en train de faire si mon esprit est occupé à une activité précise, ou tout simplement dans ce monde bien réel qui est devant moi et dont m’informent mes sens. Je plonge sans me surveiller anxieusement en train de plonger. Je le fais, un point c’est tout. C’est par là que je “replonge” dans la vie.

“FACILITE-TOI LA VIE : FABRIQUE-TOI UNE CAISSE … !!!” (ou ce que tu préféreras qui en tienne lieu).

Sachant donc que si je prends les moyens de ne jamais m’arrêter consciemment à l’idée dans laquelle se projette le ressenti psychologique qui se trouve à la source de mon angoisse, il n’y a plus d’angoisse et que les ressentis psychologiques émotionnels qui en sont à la source disparaîtront :

Je jette en imagination dans une caisse ce ressenti lui-même, toute idée dans laquelle il se projette, tout ce qui tourne autour de cette idée, toute considération en rapport avec ce ressenti et l’idée dans laquelle il se projette, tout début de processus mental dont je sais pertinemment qu’il y aboutit. Je jette dans cette caisse toute idée de ce type aussitôt que je prends conscience de sa présence, ou aussitôt que je prends conscience du fait que je suis en train de rêvasser à propos de ce ressenti et des angoisses qui s’ensuivent etc.

Il est souvent plus simple de réagir “par sujet”. Par exemple, je jette en imagination dans cette caisse toute considération sur ma santé mentale si ce sujet m’inquiète etc. etc.

Craindre que cela m’empêche de me connaître moi-même n’est encore qu’une considération à jeter dans la caisse.

En pratiquant de cette façon je me facilite beaucoup la lutte.

L’image de la caisse n’est bien entendu qu’une proposition que j’adapte à ma personnalité.

Quel que soit ce qui me correspond, l’essentiel est bien évidemment de me créer un “outil-réflexe” dont je dispose une fois pour toute à ma guise et sans limite pour parvenir à dépasser jusqu’à la dernière des dernières toute idée qui s’impose à moi, tout début de processus pouvant déboucher sur une angoisse, ou qui m’entretient dans ce contexte, en sorte d’empêcher l’eau de couler dans le lit de la rivière.

Pratiquer ce moyen d’empêcher l’eau de couler dans le lit de la rivière, cela veut dire être rapidement libéré de mes angoisses pour le reste de ma vie.

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